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Interview : CORTEZ at Le brooklyn café - Rouen - le lundi 3 octobre 2005


Cortez est un jeune groupe Suisse qui a sorti une démo en 2004. J’avais rencontré au hasard du net leur chanteur qui m’empruntait quelques fichiers musicaux sur l’oiseau bleu. Après une courte discussion il m’envoya sa démo, qui après réception m’avait plutôt laissé neutre, sans impression particulière, hormis un traditionnel «cool ! ». Quelques mois suivants cette cyber rencontre, j’appris que Cortez signait chez les bordelais d’Exutoire pour un album. Deux jours avant la date Rouennaise de la tournée commune Aside From A Day / Cortez – pour promouvoir la sortie de leurs albums respectifs -, je m’en alla visiter leur page web pour trouver des extraits promotionnels de ce nouvel opus, sans trop y croire. Diantre, quelle surprise ! Secoué par l’écoute de ces 2 extraits, l’urgente nécessitée d’écouter l’album en entier était bien plus qu’une priorité. Il me fallait écouter l’album. Le chercheur d’âme™ s’en trouvait mon plus grand allié à ce moment précis et héroïque de cette histoire nerd-ique. Sans trop y croire, je tapota frénétiquement, lettres après lettre C-O-R-T-E-Z : I-N-I-T-I-A-L-, nom du tout nouvel album de ces jeunes Suisses. Double uppercut dans le menton. Avec Shora 1ère époque pour père spirituel, agrémenté d’un jeu plus aérien comme Isis ou Cult of Luna, il aurait été impardonnable de ne pas les interviewer.

Interview dans leur van, le lundi 3 octobre 2005 après un show apocalyptique, déjà bien chauffé par Dorian Gray et AFAD. (Note : J’adore leur accent.)

La question à la con, qui se cache derrière Cortez, quand le groupe est-il né ?

JR : On s’est formé en 2001, on se connaissait déjà avant. On a sorti une démo 3 titres en 2004, et un album, « initial », qui sortira le 1 novembre (intervention de Sam en rigolant : « et que tu peux déjà télécharger »).

Greg est à la batterie, Sam à la gratte, et Jr au chant.

Cortez existe en réalité depuis 1995 (nonentcinq en vfs : vf suisse héhé). Depuis le jour où je me suis acheté une guitare en fait. Les membres gravitaient autour du groupe. On jouait du grunge, des styles complètement différents. Mais c’est depuis l’arrivée de Greg en 2001 que Cortez existe réellement.

Vous avez une particularité, vous êtes un trio sans basse. Etait-ce un choix dès la formation du groupe ?

Sam : C’était le cas dès que l’on a commencé le groupe, mais involontairement. On a eu 2 bassistes, mais ils ont fait 3 répettes ou un peu plus... On a jamais vraiment eu de bol avec les bassistes. On pratique un style difficile pas très pratiqué par chez nous, et peut-être un peu difficile pour tout le monde. On répétait toujours dans l’optique de trouver un bassiste, puis le temps a passé, on s’est adapté au vide. Il nous a fallu quand même se forger à l’idée qu’on ne trouverait pas de bassiste, même si on était tout trois prêt à l’idée que ça pourrait marcher. Ca n’a pas toujours été évident et de l’avis des gens. Notre son s’est aussi amélioré. Il fallait que ça mûrisse. Ca nous a pris du temps depuis 2001 pour qu’on arrive à avoir un son et une technique propre à nous pour cette configuration.

Oui Greg, tu ressens peut-être l’absence de cet échange basse / batterie relativement importante aux groupes de r’n’r qui te perturbe à la batterie ?

Greg : Le truc qu’est cool, c’est que sans bassiste qui place des à-coups à droite à gauche, j’ai une plus grande liberté de jeu, je suis la guitare. Ses riffs sont assez sobres et j’ai juste à le suivre et faire ce qu’il me chante dans la tête. Je suis collé sur la gratte, pas à une basse, ça me donne même beaucoup plus de libertés pour exprimer ce que j’ai en tête.

Sam : On a juste à s’échanger un regard et on se comprend aussitôt.

Vous faites quoi dans la vie ? Il me semble Greg que tu es prof de batterie ?

Greg : Je suis programmateur dans une salle, et je suis aussi prof de batterie. J’étais instit’ avant, mais maintenant j’arrive à vivre de la musique, ma passion.

Sam, comment as-tu trouvé ton son, comment c’est venu ?

Sam : Wouahh.. J’sais même pas comment c’est venu. (la voix est toute basse, il réfléchi).. J’ai vu un truc là dans le local et prriouuuu, hop ça a marché… (rires). Nan j’ai du lire un truc. On savait depuis le début que le son de guitare manquait de profondeur, même si les guitares sont super rentre-dedans. Donc je me suis posé la question à un moment donné pour trouver comment combler ce vide - Pour qu’on arrête de me poser la question - … d’ailleurs rocksound va sûrement nous poser la question. …Ah ça faudra zapper… En fait je suis de Rocksound, mais incognito ! (rires)

Donc voilà, je suis donc arrivé en répette avec un octaver, j’ai branché sur l’ampli basse : « ah bah c’est cool ! » et puis départ quoi !

Greg : Oui, d’ailleurs l’album a été enregistré avec notre configuration réelle live, à part deux trois détails d’arrangement, tandis que la démo ne possédait aucune basse. Le son était complètement différent !

Tous vos titres sont en français, les titres de vos chansons tels que « Mine de rien »… me rappellent l’esprit des morceaux de groupes de post rock. JR, tu écris les paroles ?

JR : On est plusieurs à écrire. Ma copine a écrit les dernières paroles de l’album. Les autres ont été écrites avec Sam. Nos paroles sont complètement vagues, abstraites. Je ressens les paroles mais je me demande parfois comment vont réagir les personnes qui liront le livret « …mais putain ça veut rien dire !». Je m’en fous si les personnes ne comprennent pas ce que je ressens !

Sam : Hmm… On écrit aussi sur des sujets qui nous passent par la tête, sur un truc qui nous a marqué. Un sujet concerne par exemple les mecs qui claquent leurs thunes dans les jeux de hasards, genre casino tout ça… Ca parait bidon mais on se pose des questions. On a aussi un morceau qui concerne l’armée suisse, pas un morceau ‘entre guillemets’ contre l’armée suisse, même si l’on a des avis biens tranchés là-dessus, mais plus d’une expérience précise à un moment donné. On est astreint au service militaire en Suisse, on y a tous goûtés et forcément cela laisse quelques marques. Ce morceau traite d’une partie bien définie de ce moment-là vécu à l’armée.

JR : Ca peut être aussi simplement de la poésie, des trucs qui veulent rien dire mais qui sont jolis. Quelqu’un peut arriver avec un texte et si ça nous plaît on le prend, c’est tout.

Ca rompt avec le schéma « chanteur / parolier » en quelque sorte…

Greg : Oui, on ne revendique pas spécialement quelque chose. C’est de la musique. Les paroles font partie de la musique. J’envisage ses paroles et sa façon de chanter presque comme une gratte, avec un sens que lui seul comprend le mieux puisqu’il transmet les émotions dans la voix, et pas forcément que dans les mains.

D’ailleurs j’avais lu dans une interview que les paroles sont en français vis-à-vis de la barrière du langage qu’est l’anglais.

JR : Oui c’est plus évident pour moi, et pour n’importe quelle langue en fait.

Sam : Et on le ressent mieux comme ça, comme j’avais répondu dans cette interview que suivant ce qu’il chante cela nous parle plus. D’ailleurs le français revient beaucoup à la mode, en fait c’est pas vraiment une « mode », mais le français revient en force… tant mieux quoi… avec des groupes comme Amanda Woodward, Bumblebees…

Le phrasé anglais est approprié pour ce genre de musique, mais nous on se contente du français, il nous parle et nous va très bien.

Greg : Et s’est beaucoup plus facile de s’imprégner de ce que tu chantes plus qu’une langue que tu ne maîtrises pas totalement. C’est plus facile pour transmettre ce que tu veux ainsi. Je ne suis pas sûr qu’un mec qui ne parle pas français ne comprenne pas. Tu as des sentiments exprimés à travers le langage. Un Yougoslave comprendra ce qu’il se passe.

Il comprendra surtout que vous êtes en colère en vous écoutant!

Rire général.

C’est comment la vie en Suisse, vous venez d’où ?

JR : Ahaha, c’est super cliché…

Greg : …On vient de la Gruyère, là où l’on fait le vrai GRUYERE. Le vrai gruyère Suisse qui n’a pas de trou, pas comme le Compté.

Ahaha, et Cortez est une marque de gruyère, c’est ça ?

(rire général)

JR : Ahaha non c’est une marque de pompe… ahaha on nous a sorti ça, apparemment c’est une marque de pompe, des Nike ou j’sais pas quoi..

Sam : On avait un nom un peu bidon avant, et on a eu du mal à trouver un nom qui collait bien et qui nous plaisait tous. Heureusement qu’on était que trois. On a longtemps cherché, et puis un jour j’ai vu ce nom sur un t-shirt.. C’est tout simple quoi.

Revenons au gruyère, y’a des groupes à nous faire découvrir ?

Sam : Y’a du vrai gruyère sans trou !! (S’ensuit une conversation débile sur le meilleur gruyère, celui à trous ou sans trous).

Greg : Tout se passe surtout à Lausanne et Yverdon niveau hardcore. On doit être deux groupes ici, sinon beaucoup de néo, comme partout. Nos potes sont Berserk forty times. Notre local de répète est mitoyen à celui du groupe.

Niveau politique culturel, la Suisse vous aide-t-elle ? Aide-t-elle les groupes etc…

Greg : Là, le truc cool, c’est que depuis un moment il y’a une immense usine désaffectée à 4/5 km de Bulle, où l’on habite vraiment.

Pfff y’a des bulles dans le gruyère !

Rire général. Sam : Et c’est ça le meilleur.

C’est pas les trous finalement…

Greg : Donc là y’a pleins de locaux de répètes, y’a une trentaine de groupes…

Sam : Et c’était une usine qui produisait du lait en poudre…

Du lait en poudre pour le gruyère !..

Sam : …C’est ça le meilleur !!

Greg : Donc ça vaut vraiment le coup puisque ça crée une sorte d’émulation entre les groupes, il y’a un plus grand échange et partage. L’autre point positif est le nombre de salles de concerts. Une salle pour 10000 personnes. Je pense que notre accès à la culture est assez bien organisé.

Mais bon de nouveau les groupes qui passent dans ces salles ne sont pas du pur « underground ». Tu ne peux pas faire bouger mille personnes pour un truc inconnu.. C’est comme partout.

… Plus de question à poser … Sam me propose de l’eau gazeuse. Aussitôt une question me revient en tête… Les bulles sont magiques.

Sam : Ahhh tu vois c’est les Bulles, c’est les meilleurs, c’est les bulles qui donnent des idées…(rire général)

Revenons à votre disque, comment est-il sorti sur Exutoire / Radar Swarm ?

Greg : On avait donc sorti la démo sortie en 2004, et on a envoyé beaucoup de dossiers …beaucoup. On en a envoyé en Suisse, partout… Et puis y’en a qu’un qui nous a répondu : Exutoire.

Ils ont eu les couilles de nous prendre car ils ne nous connaissaient pas du tout, ils ne connaissaient que la démo, ils ne savaient pas si l’on étaient de gros cons ou pas… C’est vraiment cool, ils nous ont fait jouer en première partie d’Isis à Bordeaux pour la première fois qu’ils nous voyaient. C’était monstrueux. Ca c’est vraiment bien passé. Et maintenant on tourne avec Dious d’Exutoire et on s’entend très très bien.

Exutoire ils sont cartons, avec leur magazine… Ils s’occupent vraiment de tout, ça nous aide… ils font le booking, le roading…


Ils ont bientôt leur salle de concert.

Greg : Oui c’est énorme.

Sinon autre actualité, vous allez bientôt sortir un split vinyl avec Ventura sur Get a life ! Ce sont des potes à vous ?

Sam : Get a life ! sont surtout des potes à Ventura. C’est un label monté par des potes à Ventura et Mike de Ventura. Un pote était motivé pour monter un label, mais un peu hésitant. Et puis l’idée du split a été motivante.

Greg : En fait on connaissait les gars d’ Iscariote qui ont monté Ventura. Sam est allé les voir en concert puis le batteur de feu-Iscariote qui joue maintenant dans Ventura nous a demandé pour faire un split avec Ventura.

Ce sont des morceaux enregistrés en même temps que l’album ?

Greg : Non, un mois avant environ.

Sam : On a fini le mix du vinyle le lundi suivant l’enregistrement des premières prises de batterie de l’album. Heureusement puisque ça nous a permis de régler les défauts du vinyle pour l’album.

Ahaha, le vinyle est moins bien que l’album ahah.

Sam : Hiiinnnn (onomatopée impossible à transcrire) c’est un peu ça ouais…

Greg : Ca fait partie du bon côté des choses, du jeu, tu améliores toujours les détails.

Donc tout à l’heure vous étiez surpris que l’album soit déjà disponible sur Soulseek à une vitesse phénoménale. Quel est votre point de vue ?

JR : Je crois qu’on ne peut pas faire grand-chose par rapport à ça…

Sam : Est-ce qu’on a besoin de faire grand-chose … ?

JR : Ouais, ceux qui veulent l’objet l’achèteront, et ceux qui veulent que la musique le téléchargeront.

Greg : On a aussi travaillé sur l’objet, on a fait une belle pochette et un beau livret. Honnêtement je ne suis pas contre le téléchargement du fait que c’est toujours plus avantageux que 3000 personnes le téléchargent plutôt que 500 qui l’achètent.

Oui. Personnellement je vous connaissais déjà d’avant, mais l’album en mp3 m’a encore plus décidé à vous voir, je pense que c’est le cas pour d’autres personnes.

Sam : Ouais, personnellement je télécharge énormément, c’est un super media de communication pour découvrir des groupes. Beaucoup de groupes se font connaître grâce aux mp3. Faut ensuite faire le travail soi-même, chercher et se renseigner pour trouver les albums qui te plaisent. C’est à chacun d’avoir sa conscience, à savoir aider le groupe qui a fait un super disque avec un superbe artwork ou juste télécharger.

Votre mot de la fin :

Greg : On passe une super tournée, c’est la première fois qu’on sortait de Suisse - hormis la date à Bordeaux - et qu’on fait 12 concerts durant. On passe un moment monstrueux, plus on arrive à la fin de la tournée et plus j’ai envie de tout donner pour profiter du truc. On rentrera chez nous et on repartira bientôt.

Sam : Chaque soir c’est super bénéfique …autant dans le moral que dans le jeu, on monte d’un cran chaque soir. C’est super cool.

JR : C’est super géant de tourner avec Aside From A Day, c’est vraiment des mecs génials, y’a tout qu’est super monstrueux.

Sam : - géniaux –

JR : Ah ouais putain corrige le.

Je vais le corriger t’inquiètes !

Sam : j-e-v-a-i-s-l-e-c-o-r-r-i-g-e-r-t-’-i-n-q-u-i-è-t-e-s-.

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