dimanche, novembre 26, 2006

PART 2 : Séminaire à Strasbourg

J’ai loupé le Paris-Strasbourg et allongé 13 euros supplémentaires pour prendre l’autre train en tarif normal. J’arrive au CREPS de Strasbourg où a lieu le séminaire d’information qui se tient pendant 4 jours. Nous sommes donc le lundi 20 novembre.Exaspéré par un trajet long et chiant, j’arrive au centre avec pas mal d’idées reçues telles que « ça va être la collo », « va falloir faire ce qu’on me dit » et un court « ça va être chiant » etc etc.

Je décide alors de prendre un kisscool et de keep it easy comme dirait nos voisins anglosaxons.

Le séminaire porte sur différentes informations concernant le SVE, et forcément, sur des choses comme l’Europe.

Je ne rentrerai pas plus long dans les détails du séminaire, parfaitement orchestrés par une équipe dynamique, avec aux commandes jeunes et moins jeunes. « I love it when a plan comes together” disait ce cher Hannibal Smith en vo. On a eu à faire à des amateurs de la A-Team.

De ce séminaire, j’en garderai le souvenir d’une très forte expérience unique. J’ai beaucoup appris, et reçu une grande bouffée d’air frais et je me suis bien amusé. Quelques fois je trouvais le temps particulièrement long, avec beaucoup de blah blah chiants et rébarbatifs. C’est dans ces moments où je m’amusais haha.

J’ai beaucoup aimé car, pour moi le SVE, bien qu’étant quelque chose gratuit, complètement « contrôlable » dans la façon de l’aborder. Le SVE, ce n’est pas s’associer au scoutisme ou se faire massacrer par une machine à fabriquer de bons citoyens électeurs. Le SVE m’a toujours gêné par son côté institutionnel et dans son association « Service volontaire = Service militaire ». Je n’aime vraiment pas les institutions de plus.

J’ai reçu une bouffée d’air frais parce que dans la sacro sainte scène hardcore punk qui me tient à cœur, je n’avais plus cet œil, cette sensation de regard nouveau sur le monde depuis un moment. Mon regard critique c’est un peu endormi, falsifié… Dans le fond, j’arrivais au sentiment de ne vraiment plus avoir de réflexions construites par moi-même

Les débats qui ont lieu lors de ces 4 jours de séminaires m’ont apporté une certaine joie de voir que sans avoir de parti pris politiques radicaux ou pas, il est possible de discuter de choses très sérieuses et importantes. Sans tomber dans une forme de manichéisme primaire ! C’est ce qui m’usait beaucoup dans le punk rock.

J’aime quand il y’a plus de gris que de blanc ou noir.

Nous avons pu discuter de ce que représentait l’Europe pour nous. Je ne suis vraiment pas porté dans les débats politiques purs, je n’aime pas ça, ça m’ennuie. Je marche beaucoup au feeling, j’adore rencontrer des gens du monde entier, discuter avec eux, apprendre à les connaître. J’aime me dire que je suis prêt à accueillir quelqu’un chez moi d’un autre pays, et qu’il le fera aussi. J’aime idéaliser des relations humaines simplifiées, non trahies par des choses dictées extérieures au ressenti qu’on a pour quelqu’un ou une chose.

J’ai toujours eu ce souci de ne pas savoir quelle était ma place. Dois-je me considérer comme punk car je n’accepte pas certaines valeurs qu’on veut nous inculquer. Mais pour autant, dois-je critiquer toutes les initiatives créer par les Institutions ?

Dois-je me la fermer parce que je ne suis pas d’accord avec certaines protestations et idéaux « punks » ?

J’ai toujours eu ce sentiment d’être pris entre deux eaux. Entre la sensation de me dire que j’ai ouvert mon esprit à une autre « culture underground », mais qu’en même temps je ne me retrouverai jamais totalement dedans.

C’est là où ce séminaire a été très important pour moi, car je me suis vraiment amusé, et l’approche était dans un fond neutre mais pourtant pas exempt de débats et prises de positions passionnés.

L’œil posé d’un éduc’spé et d’un ancien prof à la retraite dans l’équipe par exemple, m’a apporté ce vent nouveau et frais. J’ai pu confronter et discuter avec Frank, l’éducateur, qui a une approche autrement plus humaine de la société. Il connaît L’Homme ses torts et ses travers et ça m’a véritablement apporté quelque chose de neuf, un peu de renouveau dans la façon d’appréhender certaines choses qui touchent ma vie.

Ca m’a apporté plus que de lire les débats toujours à peu prêt semblables qui sont propres au punk rock. Et qui au final, ne me correspondent pas vraiment.

Je suis beaucoup intéressé par l’étude de l’homme. Sans être un philosophe et me lancer dans de grands discours philosophiques. Mais c’est l’approche qui me correspond le mieux je pense.

Nos journées d’informations étaient rythmées le soir par des parties de LOUPS GAROUS déchaînées et vraiment exaltantes.

Et ça c’est de la pure colo mec ! Je n’avais pas pris mon pied comme ça depuis un moment. Le monde est trop sérieux, on devrait plus s’amuser comme ça.

Je me suis senti totalement moi-même, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un moment. Je l’ignore pourquoi, mais ici à Rouen, dans la vie quotidienne, je me sens toujours stressé, toujours prêt à déconner, mais toujours rattrapé par une force qui m’oblige à rester « blasé ».

Le point d’orgue de ce séminaire fût la sortie à l’auberge des Trois Brasseurs après la visite de la soi-disant capitale française du vélo. Rien de comparable avec la Hollande.

Comme le bar officiel était déjà occupé, nous, la troupe des 22, avons investi un restau annexe. Le concept est simple, 1h30 de bières gratos et de flamish truc truc .. enfin la spécialité locale, sorte de pizza à pate fine, à volonté. Ca a été une bonne orgie, tous ces débats m’avaient quand même donnés mal à la tête et il fallait bien ravager les neurones qu’avaient trop travaillées. En plus au lieu de 1h30 ça a été 2h de bières.

Deux allemandes, une suédoise et une hongroise nous avait rejoint l’après-midi pour nous expliquer comment elles vivaient leur expatriation. J’ai rencard avec une des allemandes à Amsterdam au moment du nouvel an. Son copain – sic – habite là bas, elle nous présentera à ses potes qui habitent donc là-bas.

Le lendemain, la journée fut difficile. On a quand même pu cogiter et pondre une phrase qui servait de débat, et ça donnait ça (mon groupe a pondu la plus belle phrase, celle en noire. On a la classe où on ne l'a pas).

Je suis parti le premier le soir. J’avais les boules mine de rien de quitter les autres, nous étions différents et j’ai vécu des moments simples mais excellents. Cette bande de dudes et dudettes a réussi à me sortir de mon état blasé. Bravo à eux !

Je me suis senti particulièrement triste à mon retour à la maison. Et excité parce que j’en peux plus d’attendre mon départ en Hollande. Le prochain blog sera posté d’Amsterdam !

PART 1 : Vendredi 17 au lundi 20. Amsterdam / P60

.dalgis's big adventures.

De ce vendredi 17 dernier au lundi matin, j’étais en visite à Amsterdam. J’y allais pour faire connaissance de visu avec mon boss, Gerard, et mon « tuteur » au projet SVE, Onno.

C’était vraiment cool de sa part car Gerard m’a payé le trajet, hébergé 3 jours chez lui, nourri, payé tous les déplacements en métro, bus, tramway, la visite de la ville en taxi-boat et offert des trucs comme un guide d’Amsterdam avec tout ce qui est visitable. Sans compter les bières et autres conneries.

C’est quelque chose qui ne se fait habituellement pas dans un SVE, d’établir une visite préliminaire. Vu que Rouen n’est pas trop loin d’Amsterdam, on s’est dit que ce serait sympa de se rencontrer avant, vu que le contact par internet était déjà très encourageant.

Ouais, c’est la classe, je le sais.

Gerard veut que je me sente à la maison. Il en fait presque trop. Mais il impose directement un climat de respect. Tout ce weekend fut ponctué de grandes discussions vraiment importantes et enrichissantes. C’est un peu étrange de rencontrer son boss, de se dire qu’il te loge à son appart. Ca rompt et casse le lien hiérarchique. J’ai eu l’impression de rendre visite et de vivre des trucs de potes au lieu d’aller voir mon « responsable ».

Tout le weekend, quand on visitait, quand on mangeait, quand on trinquait, tout ce week-end un peu surréaliste a été ponctué de conversations, d’explications vis-à-vis de nos attentes mutuelles, de ce que j’aime ou pas vis-à-vis de certains aspects des activités du P60 et du site internet www.globalstage.tv .Et puis on parlait de nos vies… Et ce mec a fait des trucs absolument fous. C’était vraiment inspirant. Je me sens déjà à la maison avant d’avoir commencé le moindre taf, c’est ouf.

Je n’étais jamais allé dans ce coin des Pays-Bas, c’est pourquoi j’avais accepté avec joie l’invitation.

En fait 'Dam c'est une sorte de Venise plus grand.

Un truc à noter. J’ai loupé TOUS MES TRAINS pour aller à Amsterdam, et ensuite celui pour aller de Paris à Strasbourg où se tenait la réunion d’information SVE. C’est la loose. J’ai beaucoup écouté le Klub des Loosers dernièrement, Freud et son inconscient n’est pas loin….

Première surprise une fois que j’arrive bien plus tard à Amsterdam. Gerard est venu me chercher au quai, et il est exactement comme je m’attendais. On se trace directement à Amstelveen où se situe le P60, le club où je vais avoir plaisir de travailler pendant un an.

On y va en transport commun, vu qu’il n’y a aucun moyen qu’il possède une caisse à Amsterdam, c’est horriblement cher et inutile. Bien sûr je sais que le vélo est un sport national, mais j’avais jamais su que c’était « inutile » de posséder une caisse dans cette ville.

Le choc quand j’arrive au P60 ! Cette salle est absolument énorme. Du genre… hm… Classe, design, high tech. Putain d’high tech !! De l’extérieur, on peut voir le bar, le restaurant, le billard, les ordinateurs. Cette salle en impose, mais avec une atmosphère chaleureuse dès que l’on entre dans ce temple.

Gerard me fait visiter les lieux, je suis complètement paumé. Ca sent encore le neuf dans certaines pièces où le public n’est pas admis. Il me fait visiter mon futur « bureau », une sorte d’open space, sans l’aspect industriel et usine à gaz de ce genre de bureau. Je rencontre deux jolies filles qui taffent là bas. Des hollandaises. Direct je suis fan hehe. Je rencontre aussi Onno. Mon futur collège responsable de ma carcasse. Un jeune gars qu’a l’air bien sympathique, différent de ce que j’imaginais d’après la minuscule photo de son profile. Bon contact. On se branche direct musique et ça me cause. On va être sur la même longueur d’onde je pense !

Dans la soirée, j’aurai aussi rencontré deux habitués cinquantenaires des lieux, qui ne sont autres qu’une responsable d’une galerie de location d’œuvres d’arts, Henriette, et le grand manitou de l’école de langue où je vais apprendre la langue locale. Ecole mitoyenne au P60. Va pas y’avoir moyen de sécher les cours du coup hehe !

Gerard étant parti avec ses amis voir un opéra dans au théâtre voisin du P60, je reste là bas regarder les groupes de la soirée. Delain fait la tête d’affiche. Une sorte d’Evanescence Hollandaise en moins puéril, groupe sur Roadrunner rds… Dedans y’a un ex Within Temptation et un God Dethroned qui jouent. Cest vraiment pas ma tasse, c’est tout propre, clichesque au possible mais j’ai l’occasion de juger du son de la salle. C’est juste énorme. Bon gros kilos de son dans la gueule. Pour une salle qui peut accueillir 750 personnes au grand maximum quand les « balcons » sont ouverts. Ce soir il y’a peut-être 160 personnes à tout casser.

12 caméras, dont ce soir la moitié en usage, filment pour diffuser sur les écrans plasma collés aux murs de la salle de concert et des deux bars du P60. Je n’ai jamais vu ça. Ca créé une atmosphère vraiment unique. Les gens peuvent regarder le concert, boire une bière tout en surveillant le groupe jouer. Tous les lives sont diffusés en streaming en temps réel sur le site www.globalstage.tv Site sur lequel je dois apporter des améliorations au cours de mon année dans ces lieux, en plus de mon taf de programmation.

Mon challenge est d’amener à jouer dans cette salle des groupes qui tuent plus qu’ils ne vendent. Je veux me faire plaisir jusqu’au bout et apposer ma french touch, d’une façon insidieuse. Enfin. Mon objectif : des groupes comme High On Fire, Burst, Mastodon pour donner une idée du truc. Le genre de groupes difficilement programmable à Rouen en temps normal dans un café-concert… Et puis tous les autres groupes d’amis, comme Akimbo, Enablers, qui ont pris Rouen ou sa région comme habitude de passage. Amstelveen sera leur prochain stop dans quelques mois. C’est vraiment une motivation égoïste, mais je me suis auto-proclamé Roi du bon goût.

Faire ce genre de groupes ici est complètement jouable. Cependant je me suis déjà rendu compte qu’il va cependant falloir la jouer serrée car les concerts se préparent environ 2 mois à l’avance (logique), MAIS beaucoup de facteurs extérieurs peuvent poser problème. Enfin. Je vais apprendre à gérer tout ça de toute façon, et je sais que ça va en être que bénéfique.

Le reste du weekend était autant taré pour moi. Gerard, qui vraiment est super cool, est l’un des hommes important de la ville d’Amstelveen. Il reçoit tous le temps des invitations pour toutes sortes d’événements culturels. Il a jugé bon de me faire connaître le théâtre mitoyen du P60 en m’invitant donc à aller voir un spectacle de danse moderne, sur la crucifixion du Christ, un truc du genre. Du gore et des filles à moitié à poil, je ne demande pas mieux.

Sauf que c’est soirée « chicos ». J’en ai jamais fait, ça me met particulièrement mal à l’aise de me trouver au milieu de sourires Colgate et amateur de Rocher Suchard. Là où je me sens encore plus gêné, c’est quand Gerard me regarde en souriant et me dit ironiquement «qu’on est placé à l’endroit où s’installerait la Reine des Pays-Bas ». En gros sur le balcon en face de la scène, le carré VIP. A l’issu de cette performance, vraiment excellente, j’ai l’occasion de tester mes talents d’ambassadeur pour la France. Je me sens pas à ma place, mais finalement, j’éprouve un certains plaisirs à expérimenter mes relations avec la strate hype, cinquantenaire et chicos d’Amstelveen. Surprenant. Henriette l’amie de mon boss que j’avais rencontré avant me fait bien marrer. Très spontanée, et vive.

Finalement la tête me monte après quelques verres de champagne et de vins qu’on m’offre. Je ne refuse jamais un verre. Ca a autant de bons côtés d’être ici plutôt que devant un petit dvd finalement.

Le reste de la soirée, on a visité le quartier rouge. Voir la faune masculine en érection et proférer des éructions devant les prostituées qui se dandinent me file un grand ressenti misanthropique. Vraiment… Je ne suis pas du tout choqué par ces filles qui se vendent. Voir tout ces touristes beaufs oui..

C’est un grand débat que la prostitution dans ce pays. Je ne suis pas sûr que d’ici un an j’aurai un avis tranché sur la prostitution, il y’a tellement de critères qui sont à prendre en compte. En tout cas cet énervement passager me conduit à l’expliquer à Gerard et marquera la reprise de grandes conversations, super intéressantes et enrichissantes. On les continuera le reste de la soirée devant une bouteille de Geneviève, ou Geniver, enfin, la boisson locale, une sorte de Gin.

Merde… je bois avec mon boss.

Ce n’est pas commun et complètement anti-hiérarchique. J’aime cette approche. Je ne suis pas salarié du P60, ni stagiaire. Mais là n’est pas la question. Gerard me dit qu’il veut que son lieu tourne dans une atmosphère familiale, de totale confiance. Je suis plus qu’en confiance, ça c’est clair.

Le dimanche fût consacré à la visite d’Amsterdam, des marchés, et surtout, on est allé voir où se trouve mon futur appart’ que je vais partager en collocation. Je vais habiter avec une italienne, Ivana, qui arrivera début décembre et avec le colloc Roumain de Gerard jusqu’à son départ pour l’Australie. Gars bien cool que j’ai rencontré le vendredi soir.. Je vais donc habiter dans une sorte de cité, plus middle class que le reste de tout ce que j’ai pu apercevoir d’Amsterdam.

C’est situé à 15 min de bus de la gare centrale de ‘Dam. Soit environ 30/40 min du P60. C’est cool. En fait c’est dans cette partie d’Amsterdam qu’une bonne partie des gens habite.

.4ème étage, fenêtre sans rideau au dessus de la cîme de l'arbre.

La classe ! J’ai bien hâte de voir l’intérieur en tout cas. Quand je vais aller y habiter, j’aurai déjà internet et le téléphone. Sans aucune charge à payer de notre part, c’est royal. Je suis juste impatient.

Mon adresse est celle-ci :
CLET Gildas Statenjachtstraat 219
1034 EA Amsterdam NL
 
.L'interphone.

La soirée s’est passée tranquillement. On a maté un épisode de CSI. Ensuite le must, un James Bond en vo. Je n’avais jamais eu l’occasion d’en voir un, même si Octopussy avec Roger Moore n’est pas un chef d’oeuvre. La télé hollandaise est cool pour ça, tout comme la téloche belge flamande. Hormis les publicités toutes les 10 min on a le droit aux films et séries en vo. Je ne compte pas vraiment la regarder une fois installé en Hollande en remarque...
Je me suis couché tôt, car le lendemain il s’agissait de prendre le train pour Strasbourg de bonne heure.


dimanche, novembre 12, 2006




Interview : AMENRA le 23 MARS 2006 @ HOME

Interviewer un groupe le lendemain d’un concert, entre un café et deux tartines de beurre n’est jamais trop conseillé. Mais j’y tenais à cette interview. 5 ans après une première interview pour mon ancien webzine, je me devais de les interroger à nouveau pour commémorer l’anniversaire de notre rencontre.

On aurait tendance à les placer dans le même panier étiqueté sous-Isis, juxtaposé à celui nommé Cult Of Luna. Les clones ont fait des dégâts. Ils peuvent altérer un jugement à la va vite. Ce groupe écrase les clones et leurs clichés. Ils ont dépassé le statut de « influencé par » par « un groupe qui influence ». Leur atmosphère pesante en live, leur recherche constante de performance en font un groupe à part.

Par leur force, les belges savent plier une salle entière de non pratiquants et leur faire réciter la messe.

Amen, Ra !

Les réponses ont été formulées par les flamands en français et en anglais. J’ai choisi de ne pas trop corriger leurs erreurs pour garder le charme « instantané » de l’interview.

Collin, chanteur, a répondu à la majorité des questions, approuvées par le reste du groupe, et surtout ponctuées d’onomatopées non retranscrites, tels des pets de Lebon, des rires gras des gars mal réveillés, et de trucs entre eux en flamands.


Vous avez eu pas mal de soucis pour la sortie de l’album. Que s’est-il passé ?

Trust No One était supposé sortir l’album mais ils ne pouvaient plus. On voulait la sortie pour le 15 mai 2005, mais ça ne collait pas au planning initial, alors on a repoussé sa sortie. C’est donc de là qu’on a décidé de faire une pre-release, on a fait 150 disques nous-mêmes, en réalisant le lay-out nous même, et c’est à ce moment qu’on a joué dans la chapelle. Notre premier concert à la chapelle. Et puis plus tard, on a du faire une autre release, mais on pouvait pas financièrement à ce moment, donc on a préféré annuler. CodeBreaker était supposé sortir le cd en coprod avec Earache aux usa, on devait être le premier groupe de l’année 2006 à être produit, mais ils ont fait le bilan à la fin de l’année 2005 et ils n’avaient pas d’argent.. Donc on a dit : « ok … »

Finalement c’est Hypertension rds qui a sorti la version vinyle. La raison pour laquelle on a sortie la version vinyle en premier est qu’on avait déjà enregistré les titres en avril 2005, tout prenait tellement de temps qu’on a voulu sortir le disque, et c’est pour ça qu’on a sorti l’album nous-mêmes. En français « on l’a fait nous-même, sur le label de Vincent ».

A propos des changements de line up, tu remplaces Mondy à la basse, et Lebon tu quittes le groupe prochainement… Comment vous le vivez ?

En fait on a eu des discussions comme quoi il serait plus capable de continuer avec nous…

Depuis qu’il est dans le groupe, on a composé qu’un nouveau titre.. On a du répéter le set pour la tournée.

(Lebon est toujours au poste de batteur finalement)

A propos de votre imagerie…. (réponse en français de la part des flamands).

Je pense qu’on crée toujours. Mais à propos de l’exposition, c’est plutôt Mondy qui est « l’artiste » at some « jsais pas comment ça s’appelle en français », des dessins. Moi c’est plutôt par la force des choses, « bonne chance », je fais aussi des trucs. Mais oui pour Amenra c’est une sorte d’identité visuelle qu’on essaie de perpétrer, ça doit apporter le même esprit. Quand tu vois notre disque, tu dois comprendre la musique, si tu écoutes la musique, tu dois comprendre la partie visuelle. C’est la condition. C’est Ray Kluze qui nous aide beaucoup, on lui donne des idées et il est bon, il a le savoir, alors c’est facile !

Quels sont vos projets ?

Etendre notre identité visuelle je pense, faire un clip professionnel, j’en sais rien, faire plus de trucs. Matthew et moi on se disait, si un jour on peut partager la même scène que Neurosis, alors on arrête ahaha (ils joueront le 21 avril 2006 à Tilburg au côté des Neurosis. Espérons qu’ils ne décident pas de splitter !)

Si je vous dis « fille d’O » ?

Et bien c’est Murielle qui fait la fille d’O, c’est une copine à Matthew. Elle aime la musique qu’on fait, elle veut tout combiner, et elle veut toujours choquer avec ses nouvelles collections, elle veut surprendre les gens. Elle présentait sa nouvelle ligne de lingerie et nous ont devait jouer devant ces gens qui était sapés tout classe, c’était trop étrange pour nous de jouer devant 10 mannequins en lingerie…

Matthew : On a pas vu grand-chose ahah…. (rire collectif)

On ne pouvait pas mater les culs et nos instruments en même temps.

Collin, comment tu fais pour faire tenir tes courtes paroles sur une chanson de 10 min.

J’ai pas besoin de chanter beaucoup je pense, dans mes groupes précédents je chantais de la première à la dernière seconde du morceau… mais ça colle pas à AmenRa.

Donc tu me disais hors interview que si tu jouais avec Neurosis, tu arrêterais, mais avez-vous déjà imaginé la fin d’Amen Ra ?

Un groupe peut toujours s’arrêter. Je pense qu’on arrêtera un jour… On ne sait jamais et tout dépend du fun qu’on aura à faire les choses qu’on fait. Dès qu’on aura plus de plaisir on arrêtera. C’est toujours difficile quand un membre quitte le groupe, une ou deux personnes ça peut aller. Mais après…

J’ai une question plutôt personnelle… Collin, je t’ai toujours connu super triste, et depuis un moment tu me sembles avoir complètement changé. Que s’est-il passé ?

En français : « Ah ouais mais j’sais pas, je pense qu’AmenRa a été une sorte de thérapie, …avec la mort de mon père là »… maintenant c’est un peu loin, je pense bien que j’étais mal. La mort de mon père m’a plutôt rendu positif », ça m’a donné un regard positif sur les choses. Sur la vie par exemple. Sur le fait qu’il faille saisir chaque moment de joie et chose qu’on peut chérir et qu’on possède.

Ouais.. J’ai été surpris, l’autre jour tu déconnais en ligne et ça m’a vraiment surpris… (oui ! ça m’a vraiment surpris !)

« Ahhh mais je suis un peu comme tout le monde aussi, si j’ai un mauvais jour j’ai pas trop envie de rigoler »… Eux ils le savent très bien (en pointant les gars du groupe), y’a des jours où je suis toujours en train de raconter des blagues et d’autres pas et d’autres où je suis toujours en train de gueuler ahah.

Ahaha ! C’est une vraie histoire d’amour AmenRa.


La question qui tue sur le H8000 :

Vous voyez encore du monde de cette époque de la fin des années 90 ?

Ahaha bein ouais on était là. On ne voit plus trop de monde. Mais on en croise de temps en temps.

Interruption du bassiste : Moi j’étais là mais pas du H8000, j’étais du H9000 ahaha.

Collin : On voit assez souvent Hans de Liar, il nous adore.

C’était marrant avec le recul. On avait 16 ans et on voulait tout être dans un groupe, on cherchait un groupe où s’intégrer, et c’était super cool, on se voyait tous ensemble tous les weekends, c’était super. C’était une grande famille. C’était le H8000. C’était comme les scouts… Mais… mais..

….Le H8000 c’est comme les scouts, c’est génial ahahahaha.

Il y’avait Hans et L’ours et Goodlife qui étaient les « leaders », ils parlaient et on était tous là en train de gober, c’était super ahhahaha. Dès que les gens ont eu 18 ans... Ils ont suivi leur propre voie, il y’en a plein qui sont dj pop, dj techno… Les mecs qui ont les plus grosses croix et tattoos sont ceux qui fument le plus maintenant… Mais quand on croise des ex gars du H8000, c’est toujours cool. Le frère de Matthieu il était guitariste dans Sektor. On avait un pote qui tenait un skateshop. Une vraiment famille… C’est cool…

Des projets, tournées ?

Maintenant on est un peu en train de diversifier, Mathieu fait son projet de Noise, on a commencé un autre groupe qui s’appelle KINGDOM, et puis pour AmenRa, ça va être faire des tournées, de plus en plus en loin. Et puis cet été on voudrait faire un vidéo clip. Pour la fin de 2006 on pense enregistre MASS 4.

Par rapport aux concerts dans les chapelles comment as-tu fait ?

Ce n’est pas facile avec le genre de musique qu’on joue.

Ils savaient ?

Non ils ne savaient pas, la première chapelle c’était un musée qui la louait. J’ai dit qu’on voulait faire une expo et qu’il y’aurait un petit concert pour le vernissage. Mais ouais …c’était plutôt concert que vernissage. Krystof a mis ses dessins et moi aussi, des trucs comme ça. Mais c’était juste à côté d’une maison de retraite. Il y’avait aussi des maisons avec des ptits gamins… 10 min après les gens tapaient à la porte, mais quand les flics sont arrivés on rangeait déjà le matériel. C’était cool ahah.

Vous vous êtes fait virés…

Ah pas vraiment, on avait prévu, on s’est dit que les gens allaient mettre 10 min pour appeler, et on avait prévu le temps que les flics arrivent. Donc quand ils sont arrivés ils nous ont dit qu’il y’avait du bruit.

« ohhhh non non… il n’y a pas de bruit ici, il n’y a pas de bruit, ça n’a pas duré longtemps ».

Et la deuxième chapelle ?

C’était dans un quartier étudiant, y’a pas eu de problème du tout.

C’est rare de voir des concerts dans les chapelles.

Maintenant il y’a plus de groupes qui commencent à le faire.

Ils vous ont copié !

Ouais c’est un peu bête… mais ça stimule pour chercher autre chose.

Lebon s’exclame en flamand : QUI COPIE ? bon fou rire. Il était resté plutôt silencieux tout le long de l’interview.

Vous avez un truc à dire ?

Bah je ne sais pas, j’aimerai bien te remercier encore une fois pour tout ce que tu as fait pour nous, on sait combien c’est dur d’organiser des shows, on attire pas 1000 personnes. C’est cool que tu prennes un risque, y’a 5 ans c’était encore un plus gros risque.

C’était un bon concert y’a 5 ans !

Ouais j’ai vraiment bien aimé.

Et puis, dans le chaos le plus total, on interrompt l’interview, je suis à cours d’idées et pas trop frais pour improviser ;)

Libellés :

dimanche, novembre 05, 2006

Interview : AKIMBO at le Brooklyn Café le 16 septembre 2005.

Ce groupe est formidable. Les gens qui le composent aussi. L’interview date puisque réalisée le 16 Septembre 2005 avant leur écrasante prestation au Brooklyn Café en compagnie des autres américains The Assailant et d’As We Bleed. Ils sont revenus à Rouen en octobre dernier. C’était incroyable à nouveau. Tout va bien pour le groupe, Forging Steel and Laying Stone est sorti depuis un moment. Brûlot furieux, punk, et rock-n-roll, ce disque reçoit un accueil formidable. L’interview date donc, les questions ne sont pas des plus inspirées, tout a été réalisé sur un coup de tête.

L’interview débutera comme ceci : Ici les kids sont carrément plus enthousiastes. Ils ont l’air content de rencontrer les gens. C’est même nouveau pour nous, on est vraiment plus heureux. Quand un groupe ricain tourne chez lui, personne ne vient féliciter le groupe, ce genre de truc… Les gens regardent juste le groupe et…. rien d’autre….

Akimbo, ça signifie quoi ?

Jon : Le mot akimbo signifie une posture que tu prends avec ton corps, les mains à 90° sur les hanches, comme ça (il se lève et me montre, façon grand méchant)

Nat : « Tu peux dire que quelqu’un se tient « akimbo » (he could stand akimbo en vo), en gros il est prêt à se battre.. Ou alors « you’re gonna fall akimbo ». Donc c’est un mot pour signifier une posture précise.

Je pense que vous n’êtes pas tellement un groupe « hardcore » sur le point musical.. Vous jouez avec quels genres de groupes ?

Nat : ouais, c’est un bon gros mix de tout J

Jon : On joue sur plein de concerts différents, avec n’importe quel groupe, hardcore, sxe hxc, metal hxc, on joue par ci par là, mais les gens nous apprécie pas trop. Je pense que les gens qui viennent à ces concerts s’attendent à un son ‘typique’ et on est pas ce son !! On joue avec plein groupes.. Indie, r’n’r…

C’est pas trop dérangeant ?

Jon : Nan, on pense qu’il y’a des bons et mauvais groupes partout, et c’est pas nécessaire d’être « hardcore » ou autre, pour jouer un bon concert, IT’S ALL ROCK !!

Alors à propos de votre signature sur Alternative Tentacles… Vous avez rencontré Jello Biafra himself ?

Jon : En fait c’est lui qui est venu nous demander d’être sur son label. Ce n’était pas un mec qui bossait là bas, c’était Jello lui-même qui nous a demandé d’être sur son label !! (petite fierté dans la voix J)

Nat : C’était trop bizarre !

On jouait à un concert à Pittsburgh, c’était avec les Melvins mais on ne savait pas que Jello était avec eux donc… On se baladait pendant les balances et on s’est aperçu que Jello jouait avec eux, ils étaient en train de balancer sur California Über Alles .. On était là « putain c’est dingue »… Puis on a joué, et il est venu nous demander à la fin du concert : « c’est classe ce que vous faites, vous n’auriez pas de disques à me filer ? ». Ce qui est quand même trop fou, donner tes disques à Jello ! (joie dans la voix). C’était avant que le disque Jello & The melvins ne sorte.. Puis ils ont tourné, et quand ils sont venus à Seattle, il nous a demandé de jouer avec eux puis si l’ont voulait signer. On a dis tout de suite oui !

WOOOWWW !

Quand est-ce que le nouvel album sort ?

On sortira les CD et LP le 24 janvier (aux usa).

Comment il sonne ?

Awesome, sounds good !!

Vous jouez vraiment un truc à part, entre hardcore mixé avec du melvins et du black sabbath… Vous avez le speed du punk rock, puis on vous enchaînez des purs trucs bluesy… J’adore vraiment ce que vous faites car vous le faites parfaitement !!!

Nat : Merci !! En fait on a plein d’influences qui remontent quand on était plus jeunes … on jouait vraiment des trucs plus hardcore, ce qu’on écoutait en fait… Et puis maintenant on mélange tout ça à Led Zep, Black Sabbath, The Who…

S’ensuit ma déclaration d’amour enflammée pour Jon, que je respecterai toujours juste parce qu’il est bassiste chanteur, et qu’ils ont la plus grande classe. Motorhead !!

Jon et Nat : Ahahahhaha, YEAHHHHHHHH!

Jon : en fait ça remonte à plus jeune ma volonté de chanter en jouant de la basse !! (AWB balancent, on ne s’entend plus, on décide d’aller dehors, la réponse de Jon est écourtée…)

Quand on est-ce que vous avez commencé à faire de la musique ? Genre vos parents sont musiciens et vous ont appris à jouer de la gratte par exemple ?

Jon : Ouais tout à fait ! Mon père est un prof de guitare, et pour mon 14ème anniversaire il m’a offert une de ses vieilles grattes. Elle est restée sur mon lit quelques mois puis un jour je l’ai prise, et j’ai commencé à gratter, il m’a apprit des trucs basiques…

Nat : J’ai économisé suffisamment d’argent à 14 ans pour m’acheter une batterie. Et j’ai juste jouer.

Mais y’a quand même un truc qui t’as poussé à en jouer ?

Nat : J’ai toujours adoré !! Ca a commencé y’a 11 ans. Y’avait ce programme télé à la télé aux USA : THE MUPPET SHOW, et y’avait un poster sur un mur pour un truc d’impro dans le club, y’avait un gars du muppet show sur l’affiche, qui s’appelle ANIMAL et qui joue de la batterie. Et j’étais fan.

J’adore savoir ce genre de conneries.. Perso personne dans ma famille ne joue de musique.. Et j’aime savoir un peu le parcours des musiciens

Qui a écrit les paroles sur City of the stars ? Comment tu les décrirais ?

Jon : C’est moi. Je les écris toutes. Il n’y a rien qui les lie… Il n’y a pas vraiment de processus d’écriture.

On détecte une pointe de cynisme, d’humour dans tes paroles, comme dans The sorceress…

C’est un mix de choses qui comptent pour moi, profondes, sur lesquelles je peux écrire, mixées avec des trucs irréels, stupides.

Y’a toujours une petite satyre social derrière tout ça… Et ouais, il y’a beaucoup de cynisme dedans.

Au fait, une question naze, mais je comprends pas trop pourquoi tout ces clubs interdits aux moins de 21 ans.

Nat : Ca pue…

Jon : C’est une situation très chiante. Du point de vue du club, c’est très difficile de posséder un lieu pour avoir des shows ouverts à tout âge, car c’est très cher de posséder un lieu. Il faut avoir beaucoup d’argent. C’est pourquoi plein de clubs marchent car il vendent de l’alcool. C’est l’alcool vendus aux plus de 21 ans qui rapportent de l’argent. Les moins de 21 ans peuvent pas rentrer, mais c’est l’alcool qui fait marcher les clubs… It’s a real tricky squetchy situation. Et en temps que groupe , on préfère vraiment jouer devant plein de gens de tout âge…

Nat : Putain de puritanisme…

Hey Jon, tu portes un sweat shirt NINTENDO, c’est pour montrer que t’es un vrai nerd ?

Jon : Ahaha, je suis un putain de nerd. Je joue beaucoup aux jeux vidéo, pour mon job… je teste des jeux vidéos à la maison. En fait je fais un quality insurance testing, pour des jeux en phase de lancement. Je joue au jeu et je note les défauts.

Ouais tu kiffes Nintendo !

Jon : J’aime Nintendo et les jeux vidéos.

C’est quoi ton jeu favori ?

Warcraft 3.. Il date mais je l’adore !

Nat tu fais tout l’artwork.. Ca se passe comment ?

Nat : En fait un ami à nous dessine tout pour le city of the stars, et puis je réassemble le tout. Je design aussi des affiches de concerts.

D’ailleurs j’adore l’affiche que t’as faite pour la tournée !

Merci mec !

Ca va vous, vous appréciez votre tournée ...Rouen ?

Ouais, mais y’a pas trop de meufs là.. On a l’air d’être dans un truc industriel.

Ouais, on est à l’extérieur de la ville hehe.

Nat : Pas grave c’est cool quand même !

Ouais, c’est donc votre deuxième tournée, vous aviez joué à Strasbourg il me semble.

C’était comment, j’ai eu de bons échos de votre set !

Nat : On a joué à Strasbourg ouais, c’était bien classe, on tournait avec Snacktruck pour 2 semaines, c’était la seule date française, c’était l’an passé en novembre décembre.

Quels sont les groupes avec lesquels tu voudrais jouer !

Jon : c’est un question très difficile… Je voudrai dire les Melvins mais on a déjà joué avec.

Alors un autre groupe !

Jon : Bein je dirai, QUEENS OF THE STONE AGE.


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Interview : CORTEZ at Le brooklyn café - Rouen - le lundi 3 octobre 2005


Cortez est un jeune groupe Suisse qui a sorti une démo en 2004. J’avais rencontré au hasard du net leur chanteur qui m’empruntait quelques fichiers musicaux sur l’oiseau bleu. Après une courte discussion il m’envoya sa démo, qui après réception m’avait plutôt laissé neutre, sans impression particulière, hormis un traditionnel «cool ! ». Quelques mois suivants cette cyber rencontre, j’appris que Cortez signait chez les bordelais d’Exutoire pour un album. Deux jours avant la date Rouennaise de la tournée commune Aside From A Day / Cortez – pour promouvoir la sortie de leurs albums respectifs -, je m’en alla visiter leur page web pour trouver des extraits promotionnels de ce nouvel opus, sans trop y croire. Diantre, quelle surprise ! Secoué par l’écoute de ces 2 extraits, l’urgente nécessitée d’écouter l’album en entier était bien plus qu’une priorité. Il me fallait écouter l’album. Le chercheur d’âme™ s’en trouvait mon plus grand allié à ce moment précis et héroïque de cette histoire nerd-ique. Sans trop y croire, je tapota frénétiquement, lettres après lettre C-O-R-T-E-Z : I-N-I-T-I-A-L-, nom du tout nouvel album de ces jeunes Suisses. Double uppercut dans le menton. Avec Shora 1ère époque pour père spirituel, agrémenté d’un jeu plus aérien comme Isis ou Cult of Luna, il aurait été impardonnable de ne pas les interviewer.

Interview dans leur van, le lundi 3 octobre 2005 après un show apocalyptique, déjà bien chauffé par Dorian Gray et AFAD. (Note : J’adore leur accent.)

La question à la con, qui se cache derrière Cortez, quand le groupe est-il né ?

JR : On s’est formé en 2001, on se connaissait déjà avant. On a sorti une démo 3 titres en 2004, et un album, « initial », qui sortira le 1 novembre (intervention de Sam en rigolant : « et que tu peux déjà télécharger »).

Greg est à la batterie, Sam à la gratte, et Jr au chant.

Cortez existe en réalité depuis 1995 (nonentcinq en vfs : vf suisse héhé). Depuis le jour où je me suis acheté une guitare en fait. Les membres gravitaient autour du groupe. On jouait du grunge, des styles complètement différents. Mais c’est depuis l’arrivée de Greg en 2001 que Cortez existe réellement.

Vous avez une particularité, vous êtes un trio sans basse. Etait-ce un choix dès la formation du groupe ?

Sam : C’était le cas dès que l’on a commencé le groupe, mais involontairement. On a eu 2 bassistes, mais ils ont fait 3 répettes ou un peu plus... On a jamais vraiment eu de bol avec les bassistes. On pratique un style difficile pas très pratiqué par chez nous, et peut-être un peu difficile pour tout le monde. On répétait toujours dans l’optique de trouver un bassiste, puis le temps a passé, on s’est adapté au vide. Il nous a fallu quand même se forger à l’idée qu’on ne trouverait pas de bassiste, même si on était tout trois prêt à l’idée que ça pourrait marcher. Ca n’a pas toujours été évident et de l’avis des gens. Notre son s’est aussi amélioré. Il fallait que ça mûrisse. Ca nous a pris du temps depuis 2001 pour qu’on arrive à avoir un son et une technique propre à nous pour cette configuration.

Oui Greg, tu ressens peut-être l’absence de cet échange basse / batterie relativement importante aux groupes de r’n’r qui te perturbe à la batterie ?

Greg : Le truc qu’est cool, c’est que sans bassiste qui place des à-coups à droite à gauche, j’ai une plus grande liberté de jeu, je suis la guitare. Ses riffs sont assez sobres et j’ai juste à le suivre et faire ce qu’il me chante dans la tête. Je suis collé sur la gratte, pas à une basse, ça me donne même beaucoup plus de libertés pour exprimer ce que j’ai en tête.

Sam : On a juste à s’échanger un regard et on se comprend aussitôt.

Vous faites quoi dans la vie ? Il me semble Greg que tu es prof de batterie ?

Greg : Je suis programmateur dans une salle, et je suis aussi prof de batterie. J’étais instit’ avant, mais maintenant j’arrive à vivre de la musique, ma passion.

Sam, comment as-tu trouvé ton son, comment c’est venu ?

Sam : Wouahh.. J’sais même pas comment c’est venu. (la voix est toute basse, il réfléchi).. J’ai vu un truc là dans le local et prriouuuu, hop ça a marché… (rires). Nan j’ai du lire un truc. On savait depuis le début que le son de guitare manquait de profondeur, même si les guitares sont super rentre-dedans. Donc je me suis posé la question à un moment donné pour trouver comment combler ce vide - Pour qu’on arrête de me poser la question - … d’ailleurs rocksound va sûrement nous poser la question. …Ah ça faudra zapper… En fait je suis de Rocksound, mais incognito ! (rires)

Donc voilà, je suis donc arrivé en répette avec un octaver, j’ai branché sur l’ampli basse : « ah bah c’est cool ! » et puis départ quoi !

Greg : Oui, d’ailleurs l’album a été enregistré avec notre configuration réelle live, à part deux trois détails d’arrangement, tandis que la démo ne possédait aucune basse. Le son était complètement différent !

Tous vos titres sont en français, les titres de vos chansons tels que « Mine de rien »… me rappellent l’esprit des morceaux de groupes de post rock. JR, tu écris les paroles ?

JR : On est plusieurs à écrire. Ma copine a écrit les dernières paroles de l’album. Les autres ont été écrites avec Sam. Nos paroles sont complètement vagues, abstraites. Je ressens les paroles mais je me demande parfois comment vont réagir les personnes qui liront le livret « …mais putain ça veut rien dire !». Je m’en fous si les personnes ne comprennent pas ce que je ressens !

Sam : Hmm… On écrit aussi sur des sujets qui nous passent par la tête, sur un truc qui nous a marqué. Un sujet concerne par exemple les mecs qui claquent leurs thunes dans les jeux de hasards, genre casino tout ça… Ca parait bidon mais on se pose des questions. On a aussi un morceau qui concerne l’armée suisse, pas un morceau ‘entre guillemets’ contre l’armée suisse, même si l’on a des avis biens tranchés là-dessus, mais plus d’une expérience précise à un moment donné. On est astreint au service militaire en Suisse, on y a tous goûtés et forcément cela laisse quelques marques. Ce morceau traite d’une partie bien définie de ce moment-là vécu à l’armée.

JR : Ca peut être aussi simplement de la poésie, des trucs qui veulent rien dire mais qui sont jolis. Quelqu’un peut arriver avec un texte et si ça nous plaît on le prend, c’est tout.

Ca rompt avec le schéma « chanteur / parolier » en quelque sorte…

Greg : Oui, on ne revendique pas spécialement quelque chose. C’est de la musique. Les paroles font partie de la musique. J’envisage ses paroles et sa façon de chanter presque comme une gratte, avec un sens que lui seul comprend le mieux puisqu’il transmet les émotions dans la voix, et pas forcément que dans les mains.

D’ailleurs j’avais lu dans une interview que les paroles sont en français vis-à-vis de la barrière du langage qu’est l’anglais.

JR : Oui c’est plus évident pour moi, et pour n’importe quelle langue en fait.

Sam : Et on le ressent mieux comme ça, comme j’avais répondu dans cette interview que suivant ce qu’il chante cela nous parle plus. D’ailleurs le français revient beaucoup à la mode, en fait c’est pas vraiment une « mode », mais le français revient en force… tant mieux quoi… avec des groupes comme Amanda Woodward, Bumblebees…

Le phrasé anglais est approprié pour ce genre de musique, mais nous on se contente du français, il nous parle et nous va très bien.

Greg : Et s’est beaucoup plus facile de s’imprégner de ce que tu chantes plus qu’une langue que tu ne maîtrises pas totalement. C’est plus facile pour transmettre ce que tu veux ainsi. Je ne suis pas sûr qu’un mec qui ne parle pas français ne comprenne pas. Tu as des sentiments exprimés à travers le langage. Un Yougoslave comprendra ce qu’il se passe.

Il comprendra surtout que vous êtes en colère en vous écoutant!

Rire général.

C’est comment la vie en Suisse, vous venez d’où ?

JR : Ahaha, c’est super cliché…

Greg : …On vient de la Gruyère, là où l’on fait le vrai GRUYERE. Le vrai gruyère Suisse qui n’a pas de trou, pas comme le Compté.

Ahaha, et Cortez est une marque de gruyère, c’est ça ?

(rire général)

JR : Ahaha non c’est une marque de pompe… ahaha on nous a sorti ça, apparemment c’est une marque de pompe, des Nike ou j’sais pas quoi..

Sam : On avait un nom un peu bidon avant, et on a eu du mal à trouver un nom qui collait bien et qui nous plaisait tous. Heureusement qu’on était que trois. On a longtemps cherché, et puis un jour j’ai vu ce nom sur un t-shirt.. C’est tout simple quoi.

Revenons au gruyère, y’a des groupes à nous faire découvrir ?

Sam : Y’a du vrai gruyère sans trou !! (S’ensuit une conversation débile sur le meilleur gruyère, celui à trous ou sans trous).

Greg : Tout se passe surtout à Lausanne et Yverdon niveau hardcore. On doit être deux groupes ici, sinon beaucoup de néo, comme partout. Nos potes sont Berserk forty times. Notre local de répète est mitoyen à celui du groupe.

Niveau politique culturel, la Suisse vous aide-t-elle ? Aide-t-elle les groupes etc…

Greg : Là, le truc cool, c’est que depuis un moment il y’a une immense usine désaffectée à 4/5 km de Bulle, où l’on habite vraiment.

Pfff y’a des bulles dans le gruyère !

Rire général. Sam : Et c’est ça le meilleur.

C’est pas les trous finalement…

Greg : Donc là y’a pleins de locaux de répètes, y’a une trentaine de groupes…

Sam : Et c’était une usine qui produisait du lait en poudre…

Du lait en poudre pour le gruyère !..

Sam : …C’est ça le meilleur !!

Greg : Donc ça vaut vraiment le coup puisque ça crée une sorte d’émulation entre les groupes, il y’a un plus grand échange et partage. L’autre point positif est le nombre de salles de concerts. Une salle pour 10000 personnes. Je pense que notre accès à la culture est assez bien organisé.

Mais bon de nouveau les groupes qui passent dans ces salles ne sont pas du pur « underground ». Tu ne peux pas faire bouger mille personnes pour un truc inconnu.. C’est comme partout.

… Plus de question à poser … Sam me propose de l’eau gazeuse. Aussitôt une question me revient en tête… Les bulles sont magiques.

Sam : Ahhh tu vois c’est les Bulles, c’est les meilleurs, c’est les bulles qui donnent des idées…(rire général)

Revenons à votre disque, comment est-il sorti sur Exutoire / Radar Swarm ?

Greg : On avait donc sorti la démo sortie en 2004, et on a envoyé beaucoup de dossiers …beaucoup. On en a envoyé en Suisse, partout… Et puis y’en a qu’un qui nous a répondu : Exutoire.

Ils ont eu les couilles de nous prendre car ils ne nous connaissaient pas du tout, ils ne connaissaient que la démo, ils ne savaient pas si l’on étaient de gros cons ou pas… C’est vraiment cool, ils nous ont fait jouer en première partie d’Isis à Bordeaux pour la première fois qu’ils nous voyaient. C’était monstrueux. Ca c’est vraiment bien passé. Et maintenant on tourne avec Dious d’Exutoire et on s’entend très très bien.

Exutoire ils sont cartons, avec leur magazine… Ils s’occupent vraiment de tout, ça nous aide… ils font le booking, le roading…


Ils ont bientôt leur salle de concert.

Greg : Oui c’est énorme.

Sinon autre actualité, vous allez bientôt sortir un split vinyl avec Ventura sur Get a life ! Ce sont des potes à vous ?

Sam : Get a life ! sont surtout des potes à Ventura. C’est un label monté par des potes à Ventura et Mike de Ventura. Un pote était motivé pour monter un label, mais un peu hésitant. Et puis l’idée du split a été motivante.

Greg : En fait on connaissait les gars d’ Iscariote qui ont monté Ventura. Sam est allé les voir en concert puis le batteur de feu-Iscariote qui joue maintenant dans Ventura nous a demandé pour faire un split avec Ventura.

Ce sont des morceaux enregistrés en même temps que l’album ?

Greg : Non, un mois avant environ.

Sam : On a fini le mix du vinyle le lundi suivant l’enregistrement des premières prises de batterie de l’album. Heureusement puisque ça nous a permis de régler les défauts du vinyle pour l’album.

Ahaha, le vinyle est moins bien que l’album ahah.

Sam : Hiiinnnn (onomatopée impossible à transcrire) c’est un peu ça ouais…

Greg : Ca fait partie du bon côté des choses, du jeu, tu améliores toujours les détails.

Donc tout à l’heure vous étiez surpris que l’album soit déjà disponible sur Soulseek à une vitesse phénoménale. Quel est votre point de vue ?

JR : Je crois qu’on ne peut pas faire grand-chose par rapport à ça…

Sam : Est-ce qu’on a besoin de faire grand-chose … ?

JR : Ouais, ceux qui veulent l’objet l’achèteront, et ceux qui veulent que la musique le téléchargeront.

Greg : On a aussi travaillé sur l’objet, on a fait une belle pochette et un beau livret. Honnêtement je ne suis pas contre le téléchargement du fait que c’est toujours plus avantageux que 3000 personnes le téléchargent plutôt que 500 qui l’achètent.

Oui. Personnellement je vous connaissais déjà d’avant, mais l’album en mp3 m’a encore plus décidé à vous voir, je pense que c’est le cas pour d’autres personnes.

Sam : Ouais, personnellement je télécharge énormément, c’est un super media de communication pour découvrir des groupes. Beaucoup de groupes se font connaître grâce aux mp3. Faut ensuite faire le travail soi-même, chercher et se renseigner pour trouver les albums qui te plaisent. C’est à chacun d’avoir sa conscience, à savoir aider le groupe qui a fait un super disque avec un superbe artwork ou juste télécharger.

Votre mot de la fin :

Greg : On passe une super tournée, c’est la première fois qu’on sortait de Suisse - hormis la date à Bordeaux - et qu’on fait 12 concerts durant. On passe un moment monstrueux, plus on arrive à la fin de la tournée et plus j’ai envie de tout donner pour profiter du truc. On rentrera chez nous et on repartira bientôt.

Sam : Chaque soir c’est super bénéfique …autant dans le moral que dans le jeu, on monte d’un cran chaque soir. C’est super cool.

JR : C’est super géant de tourner avec Aside From A Day, c’est vraiment des mecs génials, y’a tout qu’est super monstrueux.

Sam : - géniaux –

JR : Ah ouais putain corrige le.

Je vais le corriger t’inquiètes !

Sam : j-e-v-a-i-s-l-e-c-o-r-r-i-g-e-r-t-’-i-n-q-u-i-è-t-e-s-.

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